Le format des dessins est tantôt panoramique, tantôt en kakemono.

Le kakemono est une longue bande de papier de riz que les japonais disposent à l’arrière-plan d’un arrangement harmonique de fleurs ou d’objets.

C’est cette notion d’arrière-plan qui me retient.

Une feuille de papier est posée sur le sol. Je colle dessus des longues bandes de masquage de manière à former une grille simple. Je dessine par-dessus cette grille.

Ce cadre préétabli permet d’avoir des repères auxquels je peux me raccrocher, m’assurant un certain confort.

Des gestes alliant le pinceau, l’encre et l’eau (et parfois l’aquarelle) viennent ensuite interagir avec la grille, formant des paysages abstraits.
L’objectif n’est pas de représenter un paysage spécifique mais d’obtenir des masses noires et des nuances de gris, avec des traits furtifs formant tour à tour des roches, des nuages, de l’eau, des herbes, des forêts.

Le retrait du scotch éclaire quelque peu la surface saturée. Il apparaît que le déchaînement organique de la matière est actif au sein d’une structure. Nous voyons une succession de cases, des petits paysages. Nous faisons face à une sorte de storyboard cinématographique. Mais il n’y a pas de début ou de fin. C’est un scénario circulaire.

L’aspect final présente un panorama contrasté, révélant le mélange constant de stabilité et d’instabilité qui caractérise la Nature.

Les dessins relaient une architecture simple, dont l’aspect orthogonal ne vas pas sans évoquer l’architecture qui, dans les villes nous entoure. Cela évoque aussi la conception de l’espace au Japon, conception selon laquelle on attache autant d’importance au contenu qu’à l’intervalle (esthétique du Ma). La notion de perspective telle que les Occidentaux la conçoivent, n’existe pas dans leur culture. Les vides qui délimitent l’espace sont la seule règle employée. Ce principe revient dans leurs différentes formes de création.



Nina Espouy

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